Galerie Lucas Ratton
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11 rue Bonaparte 

Paris - 75006

Du mardi au samedi

10h - 13h / 14h - 18h
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​

LUCAS RATTON
Tribal Art

Pablo Picasso et les masques Grebo, dialogue

" L'Art nègre ? Connais pas "

​PAR ELSA MIMRAM - AVRIL 2015

En août 1912, Picasso achète son désormais célèbre masque Grebo à Daniel-Henry Kahnweiler, grand marchand des artistes cubistes de l’avant-garde du début du XXème siècle.

Kahnweiler a, avant de les commercialiser, collectionné des sculptures africaines, par goût. L’art extra-occidental, et particulièrement africain, exerce alors une fascination incontestée sur les artistes et les collectionneurs, en quête d’un ressourcement plus plastique que spirituel. C’est donc sous l’angle de l’esthétique que Kahnweiler appréhende la statuaire africaine, s’intéressant plus à la relation qu’entretiennent les objets avec l’espace qu’à leur signification rituelle.

Ce ne sera pas le seul point de vue adopté puisqu’une autre école, scientifique, aborde l’objet sous l’angle anthropologique de la signification qu’il porte. Ce sera notamment le cas de Michel Leiris, qui liera ethnologie et esthétique après la mission Dakar-Djibouti de 1931-1933. Cette mission alimentera de nombreux objets les fonds du Musée de l’Homme à venir, successeur du Musée du Trocadéro.
Leiris sera d'ailleurs, avec Rivière, l'un des fondateurs d'un nouveau mode d'exposition des productions plastiques africaines, lors du renouveau du Musée dans les années 1950. Un lien familial est également scellé par l’union du pluridisciplinaire Michel Leiris: critique d'art, poète, ou encore ethnologue, marié à la belle-fille de Kahnweiler, Louise, qui prendra la direction de sa galerie pendant la seconde guerre mondiale. Les liens entre l’Afrique, les objets africains et la galerie d’art moderne sont donc ténus.


Dès 1907, Picasso et le marchand sont liés, et ce depuis la fascination opéré par la vue de la peinture des « Demoiselles d’Avignon », considérée comme l’un des gestes inauguraux de la peinture cubiste, en 1907. Le tableau opère une décomposition et mise à plat des figures. Il casse et remodèle les plans grâce à l’inspiration apportée par les réponses plastiques de la sculpture africaine. On y retrouve notamment le masque maladie Pendé, devenu emblématique d’un pan du modernisme occidental.
Ce sera ce tableau qui amènera Kahnweiler, en précurseur, à croire à l'importance de la prégnance du signe, aux dépends du réalisme, et à suivre les artistes de Montmartre en devenant leur marchand exclusif, dès les débuts du cubisme.
"Les demoiselles d'Avignon", Picasso, 1907, détail
"Masque Pendé, RDC, Galerie Lucas Ratton
"Les demoiselles d'Avignon", Picasso, 1907, détail

Le visage de la figure de droite des Demoiselles d’Avignon de Picasso est comparable, dans sa stylisation aux masques « Mbangu » PENDE.

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Entretien avec Philippe et Lucas Ratton autour de l'exposition « Charles Ratton, l’invention des Arts Premiers »

PhotoPhilippe, Lucas Ratton et une statuette Téké
Les Grebo vivent à l’Ouest de la Côte d’Ivoire et au centre-Est et Sud-Est du Libéria, dans une région très forestière. Ils font partie du groupe des « Krou » ou « Kru ». Leurs voisins sont les Dan, les Guéré, les Wé et les Bété.

Les masques du groupe Krou sont peu documentés, mais il semble qu’ils jouaient un rôle moins important que dans d’autres sociétés d’initiation. Ils étaient sculptés par les initiés Grebo et dansaient lors de cérémonies secrètes ou de fêtes de villages.

Certains possèdent des orifices près des narines ou au niveau des yeux, d’autres n’en ont aucun ce qui ne permettait pas la vision du danseur masqué et costumé. Ce fait semble ajouter des questionnements supplémentaires quant à leur usage, pour lequel on ne trouve pas de documentation les montrant dansant in situ.

Certains masques Grebo représenteraient les esprits du monde invisible résidant dans la forêt, tout comme les masques des Bété auxquels ils sont apparentés. Leur iconographie et leur taille sont cependant très différentes, les masques Grebo, d’une très grande rareté pouvant mesurer jusqu’à un mètre.

Photo
Masques Guere, voisins des Grebo

« L’art nègre ? Connais pas »

La désormais célèbre citation de Picasso renvoie, sur ce ton espiègle propre à l’artiste, à la fascination exercée par l’art africain. Un art au-delà de la couleur que l’on lui donnait alors.
Et il n’est pas besoin que Picasso feigne le déni pour que les rapprochements entre des œuvres de sa collection et ses créations plastiques fassent jour. On sait que l’artiste vivait toujours entouré d’objets, et de modèles, dans lesquels il puisait une inspiration quasi intarissable. Il connaissait l’art africain par le biais du Musée du Trocadéro où il se rendait dès 1905.
1907 est l’année de la révolution picturale, et 1912 révolutionnera une nouvelle fois la création plastique par l’objet emblématique que constituera la première
« Guitare » de Picasso. Cette « Guitare » annoncera une longue série, et est probablement celle sur laquelle s’inscrit de façon la plus marquante, l’influence directe du masque Grebo, qui devait probablement alors siéger en maître dans l’atelier de l’artiste.
Ovni plastique, la « Guitare » est un collage, tridimensionnel. Son cœur jaillit du cadre, comme les yeux du masque Grebo.
En art tribal, la plastique apparaît comme une réponse à un enjeu spirituel. L’objet signifie plus qu’il ne montre, les proportions sont donc plus significatives que réalistes, et la sculpture, bien que régie par des codes picturaux et sculpturaux traditionnels, répond à des exigences d’efficacité.
Pour simplifier, si la bouche est prognathe, la parole est mise en jeu, si ce sont les yeux, ce sera le regard. L’objet est considéré comme réussi quand l’attente (prophylactique, de prière, etc.) est signifiée de façon probante par l’esthétique. L’objet est « beau » ou « bon » s’il est efficace.
Cette idée est reprise de façon centrale dans la « Guitare » de Picasso. Le cylindre est au centre, l’œil perçant du masque est devenu l’amplificateur de l’instrument de musique. Ce qui est projeté, marqué de façon significative, c’est la fonction musicale de ce qui est représenté. La guitare est efficace si elle produit du son, et cela n’est possible qu’à travers sa caisse de résonance.
La « Guitare » prend des allures abstraites dans sa déconstruction. Le matériau employé rompt lui aussi avec la tradition picturale et sculpturale la précédant, puisqu’il n’est plus noble mais de récupération ou imitant la récupération. On peut voir ici également un rapprochement avec le caractère éphémère des sculptures africaines, souvent vouées à l’abandon après usage rituel.
A la décomposition et la mise à plat des figures, comme celle opérée par les « Demoiselles d’Avignon » de 1907, succède la décomposition et remise en volume, comme celle observée dans les « Guitares », dès 1912. Avec les « tableaux-reliefs », la présentation succède à la représentation « traditionnelle », le signifiant et le signifié tendant l’un vers l’autre. Ces « Guitares » préfigureront un ensemble de possibilités créatives, en constituant les premières applications du cubisme en sculpture.

Un autre artiste pourrait avoir puisé son inspiration auprès des Grebo...

Miro, "Tête de paysan Catalan", 1924, 1925, et 1924-25

« Guitares », Picasso

"Guitare", Picasso, 1912, Fusain sur papier, Moma
Photo
La série des "Guitares", Picasso
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Selon l’historien de l’art Robert Goldwater, l’art Tribal aurait eu une influence poétique, philosophique et psychologique sur les artistes de l’avant garde. Il n’aurait eu une influence directe que très minimale.
On retrouve toutefois parfois des influences qui apparaissent comme directes, de formes africaines, comme dans « Madame LR » de Brancusi, qui reprend la forme des reliquaires Mahongue du Gabon.
Pour d’autres artistes, l’influence est indirecte, c’est ce que l’on note dans le lien qui unit la série des « Guitares » de Picasso, à son masque Grebo acheté en 1912. Les formes, les positions de la sculpture, les dimensions et les proportions peuvent tenir lieu de lien indirect sur les créations à venir.


​Elsa Mimram

« Les sculptures Africaines de mon atelier sont plus des témoins que des modèles » - Pablo Picasso

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Les ateliers du Bateau Lavoir en 1967, avant l’incendie

Photo
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