" Picasso Primitif"
Musée du Quai Branly - Du 28 mars au 23 Juillet 2017
PAR ELSA MIMRAM - Juin 2017
S'il est des thématiques désormais ultra classiques en art tribal, le lien unissant ce dernier à la production artistique de Pablo Picasso se place probablement sur le podium de la mise en exergue.
Une trentaine d'années ont passé, mais le souvenir de l'exposition « Primitivism » de Rubin au Moma en 1984 reste présent. L’exposition New Yorkaise balisait alors le chemin de la recherche de liens entre avant-gardes du début du 20ème siècle et art tribal, ou primitif, appellations dépendant des époques et des conceptions. D'autres ont évidemment marqué les mémoires, comme l'art tribal dans les collections d'artistes au Musée de l’Homme qui la précédait en 1967, mais c'est bien l'exposition « Primitivism » qui allait décider d'une certaine mise en regard des œuvres occidentales et de leur inspiration non occidentale.
L'exposition « Picasso Primitif » ne se démarque donc pas par l'originalité de sa thématique, mais n'a néanmoins pas à rougir de sa scénographie et de ses choix artistiques. Une première partie, chronologique, dépeint les liens parisiens entre Picasso, certains de ses contemporains (Apollinaire, Braque, Stein...), des institutions comme le Musée du Trocadéro et l'art tribal. On y lit et lie la découverte d'un exotisme et d'une inspiration nouvelle, la possibilité de jouer avec des codes neufs, mais aussi de créer de l'imaginaire et de l'auto dérision. La force de cette première partie d'exposition étant de présenter des archives peu connues comme ce drôle de photomontage de l'artiste en roi Kuba ou une invitation à la réception du Musée du Trocadéro au retour de la mission Dakar Djibouti (1931-1933).
Une trentaine d'années ont passé, mais le souvenir de l'exposition « Primitivism » de Rubin au Moma en 1984 reste présent. L’exposition New Yorkaise balisait alors le chemin de la recherche de liens entre avant-gardes du début du 20ème siècle et art tribal, ou primitif, appellations dépendant des époques et des conceptions. D'autres ont évidemment marqué les mémoires, comme l'art tribal dans les collections d'artistes au Musée de l’Homme qui la précédait en 1967, mais c'est bien l'exposition « Primitivism » qui allait décider d'une certaine mise en regard des œuvres occidentales et de leur inspiration non occidentale.
L'exposition « Picasso Primitif » ne se démarque donc pas par l'originalité de sa thématique, mais n'a néanmoins pas à rougir de sa scénographie et de ses choix artistiques. Une première partie, chronologique, dépeint les liens parisiens entre Picasso, certains de ses contemporains (Apollinaire, Braque, Stein...), des institutions comme le Musée du Trocadéro et l'art tribal. On y lit et lie la découverte d'un exotisme et d'une inspiration nouvelle, la possibilité de jouer avec des codes neufs, mais aussi de créer de l'imaginaire et de l'auto dérision. La force de cette première partie d'exposition étant de présenter des archives peu connues comme ce drôle de photomontage de l'artiste en roi Kuba ou une invitation à la réception du Musée du Trocadéro au retour de la mission Dakar Djibouti (1931-1933).
|
La seconde partie organisée par thématiques propose un ensemble d'œuvres triées sur le volet, qu'il s'agisse des peintures et céramiques de l'artiste malaguène ou des sculptures extra occidentales. La mise en parallèle des chefs d'œuvres permet de retrouver le plaisir de voir des œuvres qu'on aurait cru avoir déjà trop vu. Et les tableaux, masques et autres sculptures reprennent enfin des dimensions que leur photographie, dans les catalogues raisonnés, leur avait presque volé. Les thèmes de prédilection de l’artiste sont présentés avec justesse : les archétypes, les métamorphoses qui présentent les animaux-humains hybrides et autres monstres, le jeu de l’inconscient…
La question du regard laisse un espace d’interprétation ouvert, en présentant un ensemble de signes, de parcelles de sens. |
Seule ombre au tableau, la toute dernière partie de l'exposition, entre phallus et mysticisme, n'est pas assez explicitée. Ces deux thématiques pourraient engendrer des interprétations passéistes, associant « sauvages » et sexualité débridée, ou encore en décomplexifiant le rôle des objets rituels. Dans leur contexte d’origine, ils étaient inscrits dans un ensemble d'interactions sociales. Ils semblent ici, pour les besoins de l’exposition, « innocemment » présentés comme fruit d'un inconscient collectif auréolé de mystère. La création tribale paraît pour le coup très « primitive », proche de conceptions anthropologiques évolutionnistes désormais désuètes.
Mais l'exposition « Picasso Primitif » laisse, dans son ensemble, l'impression très positive qu'une redécouverte d’une thématique déjà maintes fois explicitée est possible. Les nombreux objets retrouvés sur les photos d’archives de l’artiste, photos en noir et blanc pour nombre d’entre elles, redonnent corps à des œuvres qui semblent être passées d’objet rituel, à artisanat, à Art, puis Histoire de l’Art en prenant part à ce qui se jouait dans le processus de création artistique de Picasso.
Mais l'exposition « Picasso Primitif » laisse, dans son ensemble, l'impression très positive qu'une redécouverte d’une thématique déjà maintes fois explicitée est possible. Les nombreux objets retrouvés sur les photos d’archives de l’artiste, photos en noir et blanc pour nombre d’entre elles, redonnent corps à des œuvres qui semblent être passées d’objet rituel, à artisanat, à Art, puis Histoire de l’Art en prenant part à ce qui se jouait dans le processus de création artistique de Picasso.
Elsa Mimram