LUCAS RATTON
" Exposition "Charles Ratton,
L'invention des Arts Primitifs"
Musée du Quai Branly"
PAR ELSA MIMRAM - Juin 2013
Du 25 juin au 22 septembre 2013
L’exposition « Charles Ratton, L’invention des Arts Primitifs » est avant tout un hommage. Alors qu’il aurait fallu plus de trois vies à d’autres pour mener de front tant d’activités, Charles Ratton offre une vision exemplaire d’une carrière qui semble toujours très moderne. Car s’il invente les Arts Primitifs, il adopte également dans son métier un fonctionnement pluridisciplinaire, indispensable à son rayonnement. Il est quasi omniprésent, en étant à la fois expert, marchand d’art, commissaire d’exposition ou encore lié au milieu de la mode en prêtant notamment des objets à certains de ses amis photographes. Son succès est lié à la fois à une grande ouverture d’esprit mais également la volonté de ne pas se fixer de barrières quand aux « limites » du métier.
Charles Ratton était avant tout antiquaire et expert en Arts Primitifs, mais au sortir de l’exposition l’on se demande si, finalement, il n’avait pas également une approche très artistique dans la conception qu’il proposait des expositions, ou de son choix d’objets. C’est le cas par exemple lorsqu’il présente, sur une proposition d’André Breton, cette accumulation surréaliste d’objets fondus suite à l’éruption de la montagne pelée en Martinique en 1902, des « objets perturbés » comme les nommait l’artiste.
Charles Ratton était avant tout antiquaire et expert en Arts Primitifs, mais au sortir de l’exposition l’on se demande si, finalement, il n’avait pas également une approche très artistique dans la conception qu’il proposait des expositions, ou de son choix d’objets. C’est le cas par exemple lorsqu’il présente, sur une proposition d’André Breton, cette accumulation surréaliste d’objets fondus suite à l’éruption de la montagne pelée en Martinique en 1902, des « objets perturbés » comme les nommait l’artiste.
On regrettera l’absence de certains objets phares, le parti pris de l’exposition étant d’en faire une exposition d’archives et non pas d’objets. Mais c’est avec émotion que l’on ressort de cette visite qui propose à la fois la vision d’un homme mais également de son entourage et d’une époque charnière, tant en histoire de l’art avec les naissances des avant-gardes (surréalisme, dada, cubisme, dont quelques œuvres sont présentée dans l’exposition) qu’en Histoire de façon plus générale, où se dénouent des tensions politiques, notamment avec la fin des Grands Empires coloniaux. On apprend notamment dans l’exposition que Charles Ratton prendra part au choix des œuvres du documentaire culte de 1953 de Kris Marker et Alain Resnais, « Les statues meurent aussi », qui adopte clairement un point de vue anti colonialiste.
L’exposition finit sur un ensemble de négatifs de photographies d’objets qui nous donne envie de voir les objets dans leurs trois dimensions. Leur présentation inversée dans ce mur lumineux rappelle la série de photographies de Man Ray et est très réussie.
Nous retiendrons les touchantes déclarations d’amitié de grands artistes-collectionneurs comme André Breton, Jean Dubuffet ou Paul Eluard, dont la vue d’une simple dédicace suffit à rappeler l’œuvre immense qu’ils ont laissée. Le goût des objets de ce « maniaque de la beauté » comme le nommait Eluard, et son approche totalement avant-gardiste continue d’éduquer notre œil et reste exemplaire.
Nous retiendrons les touchantes déclarations d’amitié de grands artistes-collectionneurs comme André Breton, Jean Dubuffet ou Paul Eluard, dont la vue d’une simple dédicace suffit à rappeler l’œuvre immense qu’ils ont laissée. Le goût des objets de ce « maniaque de la beauté » comme le nommait Eluard, et son approche totalement avant-gardiste continue d’éduquer notre œil et reste exemplaire.
Elsa Mimram