LUCAS RATTON
STATUETTE IBO - NIGERIA
DESCRIPTION
Le peuple Ibo (ou Igbo), une douzaine de millions d’âmes, occupe un vaste plateau entre le fleuve Niger et la Cross River, au sud-est de l’Etat du Nigéria. Les Ibo, cultivateurs et commerçants, sont organisés en communautés villageoises. Les sociétés d’anciens et les associations initiatiques assurent la cohésion du système sociopolitique. Les représentations artistiques Ibo sont d’une très grande richesse.
Les Ibo, en particulier dans la région Onitsha – Awka du centre nord, conservent de nombreuses statues (parfois plus d’une quinzaine) dans leurs sanctuaires familiaux et dans les maisons communes d’association initiatique appelées « maisons des hommes ». Ces statues représentent des alusi, des divinités conceptuelles comme la Terre, les Fleuves, la Guerre ou des divinités plus temporelles tels des ancêtres fondateurs de lignage ou des héros légendaires (Casanovas et De Grunne, 2010, p. 9). Les statues d’un même sanctuaire forment une « famille ». Taillées dans le bois d’Iroko, elles étaient gardées par le prêtre du sanctuaire, qui les lavait, les purifiait, les peignait, les polissait, les habillaient avec des ornements correspondant à des titres spécifiques et leur offrait des sacrifices, ces soins constants les transformant au fil du temps. Tous les ans pendant la saison sèche, à l’occasion du « Festival des images », les sculptures sont habillées de façon très élaborées, parées de bijoux et dansées par leurs gardiens au son de tambours jouant des rythmes propres à la divinité ainsi célébrée. Les sculptures sont ensuite alignées pour recevoir des offrandes de leurs fidèles. |
References:
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Ces statues répondent à un canon plutôt établi : leur position est frontale, les jambes écartées et les bras décollés du corps avec les mains tendues en position d’offrande, « dans un geste qui montre non seulement la générosité des dieux, mais aussi leur volonté de recevoir des sacrifices et des offrandes. Les paumes ouvertes signifient également : « je n’ai rien à cacher », suggérant l’honnêteté et la bonne figure » (Cole, cité par De Grunne, 2010, p. 10).
Cette effigie masculine possède plusieurs belles scarifications. Celles sur le torse sont dites en chevrons et forment un demi arc de cercle ; les stries sur le haut du visage sont des scarifications itchi, apanage des dignitaires de la société ozo. Cette façon de scarifier le visage est en usage depuis au moins un millénaire puisqu’on peut en observer sur de petites têtes en bronze trouvées dans la région et datant des IXe-Xe siècles. La coiffure en crête témoigne de l’importance de l’art capillaire chez les Ibo, qui sont célèbres pour leurs parures de tête sculpturales particulièrement élaborées.
Cette effigie masculine possède plusieurs belles scarifications. Celles sur le torse sont dites en chevrons et forment un demi arc de cercle ; les stries sur le haut du visage sont des scarifications itchi, apanage des dignitaires de la société ozo. Cette façon de scarifier le visage est en usage depuis au moins un millénaire puisqu’on peut en observer sur de petites têtes en bronze trouvées dans la région et datant des IXe-Xe siècles. La coiffure en crête témoigne de l’importance de l’art capillaire chez les Ibo, qui sont célèbres pour leurs parures de tête sculpturales particulièrement élaborées.