LUCAS RATTON
Couple Baoulé - Côte d'ivoire
DESCRIPTION
La production de sculptures Baoulé est variée, les statuettes en position debout représentant la majorité du corpus. Il s’agissait principalement d’époux mystiques, les figures blolo. Beaucoup plus rares, les statuettes assises ou les couples, ont un tout autre usage. Nommées Asiè usu, elles représentent des esprits de la nature. D’après les croyances baoulé, ces génies chercheraient à intégrer le monde des hommes en les possédant, les rendant malade. Afin d’éviter cela, les devins des villages façonnaient de grandes figures assises ou des couples, les plus attrayants possible, afin que les esprits viennent les posséder par erreur, n’interagissant désormais plus avec la santé des êtres humains des villages Baoulé.
Sculptés dans un style expressif que Charles Ratton appelait : « gros yeux », ces deux figures élancées ont les bras plaqués contre le ventre, ce qui exprime la satisfaction. Ce sentiment pourrait être la retranscription de l’état des commanditaires qui passèrent commande auprès d’un artiste confirmé. Les pieds des deux figures reposent sur une base carrée décorée de motifs géométriques. Les visages imposants, les coiffures sophistiquées et l’importante décoration de scarifications révèlent qu’il s’agit de notables. Ce type de représentation est rare dans la statuaire Baoulé. |
References:
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Une figure masculine provenant de la même main fut acquise par Gustace et Franyo Schindler auprès d’Hélène et Henri Kamer, dans les années 1960 (cf. Masks and Sculptures from the Collection of Gustave and Franyo Schindler, New-York, Museum of Primitive Art, 1966, #49 ; & De Grunne, Bernard, Baule. From the Ivory Coast, Bruxelles, 2016, pp.24-25, #04). La tête de cette figure est disproportionnée et presque identique à celles du couple puisque l’on retrouve les sourcils prononcés et élevés, de grands yeux ovales surmontés de grandes paupières, un nez étroit terminé par de larges narines percées, une bouche charnue en forme de 8, des scarifications rectangulaires sur les joues et une barbe complexe. Le Musée d’Abidjan possède une maternité collectée par Holas dans les années 1950, présentant une coiffure assez proche de celle de la femme (cf. Holas B., Arts de la Côte d’Ivoire. Les trésors du Musée d’Abidjan, Vevey, 1969, couverture)