LUCAS RATTON
Tête de Bélier, Royaume d'owo - Nigeria
DESCRIPTION
L’Occident découvrit l’art du Nigeria suite à l’Expédition Punitive Anglaise menée dans l’ancien royaume d’Edo (ou royaume de Bénin) en 1897. Les Britanniques pillèrent le palais royal et rapportèrent pas moins de 2500 œuvres. Dans ce vaste pays divisé entre la grande forêt équatoriale et les plaines marécageuses du littoral, se développèrent entre le Xe et le XVe siècle une multitude de petits royaumes, dont les deux plus importants furent ceux d’Ifé et d’Edo. Voisins et alliés du fait d’une religion commune, ces deux royaumes prospérèrent conjointement, bien qu’Ifé, trop éloigné du littoral, ne profita pas du commerce mis en place par les Portugais avec la région. Les souverains edo, appelés les obas en langue vernaculaire, profitèrent de ce commerce afin d’assoir leur puissance sur leurs voisins. Cette affirmation passa notamment par la mise en place de guildes qui façonnèrent pour les rois une multitude de régalia dont les fameuses plaques et têtes d’ancêtres en bronze.
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References:
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Le royaume d’Owo (ville-état) était lui situé à mi-chemin entre le royaume d’Ifé et d’Edo. La légende raconte qu’il fut créé tout comme Bénin City, capitale du royaume d’Edo, par l’un des fils d’Oduduwa, le prince mythologique Ojubelu. Les rois d’Owo furent appelés les Olowo. Tout d’abord autonome, le royaume d’Owo, de culture yoruba, tomba sous la domination edo vers la fin du XVIe siècle au moment où l’oba Ehengbuda poursuivit la politique d’expansion de son père. L’art provenant du royaume d’Edo eut dès lors une forte influence sur celui issu d’Owo ce qui explique dès lors la volonté des dignitaires de placer des têtes en bois, humaines ou animales, sur leurs autels familiaux. On retrouve également des exemples anthropozoomorphes.
Ces têtes de béliers, nommées Osamasinmi (ou osanmasinmi), présentent d’immenses cornes, dont les torsades finement reproduites, descendent jusqu’à l’encolure. Deux autres plus petites jaillissent du haut du front. L’animal semblerait presque avoir un visage, bien que l’expression féroce renvoie clairement au monde sauvage. Le large cou repose sur une collerette circulaire finement décorée d’entrelacs. On ne répertorie que très peu d’exemplaires de ces têtes de béliers en bois, la plupart dans des musées et dans de rares collections privées. Il s’agit d’une magnifique illustration de la sculpture animalière africaine dont le zoomorphisme est toujours porteur de sens, puisqu’ici la force sculpturale est une métaphore de la puissance royale. Chez les Yoruba du royaume d’Owo, les béliers furent des symboles importants de la présence ancestrale en raison de leur capacité à protéger leur famille (y compris avec agressivité), ainsi que de leur vigilance et de leur force. Par conséquent, une tête de bélier sculptée ornait souvent l'autel ancestral (ojupo) des hauts fonctionnaires et des dirigeants d’Owo. Ceux-ci communiquaient ainsi avec leurs ancêtres notamment durant la récolte des premières ignames qui constituait l’un des événements religieux les plus importants durant lequel des sacrifices étaient offerts aux principaux dieux (orisa) et aux ancêtres décédés.
Ces têtes de béliers, nommées Osamasinmi (ou osanmasinmi), présentent d’immenses cornes, dont les torsades finement reproduites, descendent jusqu’à l’encolure. Deux autres plus petites jaillissent du haut du front. L’animal semblerait presque avoir un visage, bien que l’expression féroce renvoie clairement au monde sauvage. Le large cou repose sur une collerette circulaire finement décorée d’entrelacs. On ne répertorie que très peu d’exemplaires de ces têtes de béliers en bois, la plupart dans des musées et dans de rares collections privées. Il s’agit d’une magnifique illustration de la sculpture animalière africaine dont le zoomorphisme est toujours porteur de sens, puisqu’ici la force sculpturale est une métaphore de la puissance royale. Chez les Yoruba du royaume d’Owo, les béliers furent des symboles importants de la présence ancestrale en raison de leur capacité à protéger leur famille (y compris avec agressivité), ainsi que de leur vigilance et de leur force. Par conséquent, une tête de bélier sculptée ornait souvent l'autel ancestral (ojupo) des hauts fonctionnaires et des dirigeants d’Owo. Ceux-ci communiquaient ainsi avec leurs ancêtres notamment durant la récolte des premières ignames qui constituait l’un des événements religieux les plus importants durant lequel des sacrifices étaient offerts aux principaux dieux (orisa) et aux ancêtres décédés.